Journée internationale de la Francophonie
Message de Mme Audrey Azoulay,
Directrice générale de l’UNESCO
20 mars 2021
La Journée internationale de la Francophonie est l’occasion, chaque année, de célébrer la langue française et, par là même, les valeurs qu’elle porte : des valeurs de paix et de diversité, qui font écho à celles de l’UNESCO.
Du « françois » médiéval de Villon à l’oralité truculente de Rabelais, du classicisme élégant de Boileau au romantisme lyrique de Lamartine, jusqu’au français de Léopold Sédar Senghor, d’Aimé Césaire ou d’Ahmadou Kourouma, la langue française s’est sans cesse renouvelée, porteuse d’une immense variété de visions du monde. Elle est aujourd’hui, pour reprendre les mots de Felwine Sarr, le « lieu d’articulation du particulier et de l’universel », reliant les femmes et les hommes par-delà les continents, dans un même attachement à leur langue et à sa beauté.
Avec cette Journée, l’UNESCO se mobilise aux côtés de l’Organisation internationale de la francophonie pour défendre la diversité linguistique et le multilinguisme. Il s’agit là d’un enjeu central pour le respect des droits humains, et pour reconstruire un monde meilleur après la pandémie.
En effet, la Francophonie est une question globale, qui recouvre des sujets liés à la culture, au patrimoine, à l’information, à la diffusion des sciences, mais aussi à l’éducation. Quand nous estimons que 40 % des élèves n’ont pas accès à une éducation dans la langue qu’ils maîtrisent le mieux, nous mesurons tout l’enjeu du multilinguisme pour combler les fractures éducatives ouvertes par la pandémie.
Les années à venir s’annoncent riches et prometteuses pour la Francophonie. À l’horizon 2050, elle devrait regrouper environ 750 millions de femmes et d’hommes, dont une majorité en Afrique ; c’est là une immense opportunité, mais aussi une grande responsabilité, car nous devons ouvrir à cette future jeunesse francophone le champ des possibles, dans un horizon de justice et d’égalité.
D’ici à 2050, le monde ne manquera pas de changer et la langue française avec lui. Car les langues, soulignait Victor Hugo, « sont comme la mer : elles oscillent sans cesse. Les langues ni le soleil ne s’arrêtent plus. Le jour où elles se fixent, c’est qu’elles meurent » (Préface de Cromwell (1827).
En cette Journée internationale de la Francophonie, l’UNESCO voudrait ainsi appeler chacune et chacun à défendre les valeurs humanistes portées par la langue française, à faire vivre ce patrimoine commun par la lecture, l’écriture, la musique et le cinéma, pour la partager et, ainsi, la faire prospérer.
La date du 20 mars a été choisie pour célébrer l’anniversaire de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) qui a vu le jour le 20 mars 1970 à Niamey au Niger. Cette agence marque le premier pas vers la coopération francophone qui se deviendra un peu plus tard l’Organisation Internationale de la Francophonie.
La langue française a toujours eu une place importante parmi les langues. D’abord symbole de culture et de créativité elle a ensuite été vecteur de démocratie et d’humanisme, des valeurs que l’UNESCO entend promouvoir. L’UNESCO aime, parle et promeut le français – l’une de ses 6 langues officielles et l’une de ses 2 langues de travail. Mais plus largement l’UNESCO en célébrant le francophonie célèbre la diversité culturelle et linguistique qui compose le monde.
Célébrer la Francophonie, c’est reconnaître le potentiel de la langue et de la culture à unir les peuples, à créer des espaces de solidarité et de compréhension mutuelle, pour réfléchir ensemble à notre avenir commun. L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) partagent cette vision commune qui place la culture et la langue au fondement de tout effort durable pour la paix et le développement.
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