VOTRE ÉDITEUR PREND POSITION
Ma réponse à Luc J. Vigneault, auteur et acteur, (Québec) au sujet de son point de vue « C’est quoi le problème avec l’autoédition » publié dans le quotidien Le Soleil
LE PROBLÈME AVEC L’AUTOÉTITION, C’EST LA LOI DU LIVRE
Monsieur Luc J. Vigneault, auteur et acteur de Québec, demandait dans ces pages « C’EST QUOI LE PROBLÈME AVEC L’AUTOÉDITION? » Son témoignage de la recherche d’un éditeur transpire un manque flagrant de connaissance du monde québécois du livre, une situation qu’il partage avec la majorité des auteurs en quête d’une première édition. Le monde du livre ne brille pas par sa transparence et demeure refermé sur lui-même vue de l’extérieur.
Le problème avec l’autoédition au Québec, c’est la LOI DU LIVRE (Loi sur le développement des entreprises québécoises dans le domaine du livre). Le Québec demeure le seul endroit dans le monde où l’autoédition est exclue de l’industrie du livre par force de loi. Nous pouvons même dire que le gouvernement du Québec est pris au piège de sa LOI DU LIVRE puisque l’industrie du livre en refuse tout changement, même s’il est question d’un ajustement aux nouvelles réalités du livres. Par exemple, le milieu a refusé que le livre en format numérique soit intégré à LOI DU LIVRE.
Cette loi fait de l’éditeur le point d’entrée dans le monde du livre, comme partout ailleurs dans le monde mais, au Québec, il faut que cet éditeur soit agréé par le ministère de la Culture et des Communications. Et ainsi va la chaîne du livre : l’éditeur agréé doit retenir les services d’un distributeur agréé et ce dernier avec des libraires agréés par le ministère. Les bibliothèques, écoles, collèges, ministères, corporations municipales, etc. doivent se procurer leurs livres auprès des libraires agréés.
Lorsqu’un auteur autoédité veut se retrouver en librairie agréée, soit il approche les libraires un à un pour mettre en consigne quelques exemplaires de son oeuvre, soit il retient les services d’un distributeur agréé. C’est pour cette raison que l’on parle des « auteurs entrepreneurs ». Mais le rêve de cet auteur de voir son oeuvre sur les rayons des librairies peut rapidement prendre fin puisque la durée de vie des nouveautés qui ne connaissent pas un succès de vente en librairies dépasse rarement trois mois, question de faire de la place aux autres nouveautés au nombre de près de 5,000 par an au Québec.
Au sujet de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ), elle accepte les auteurs autoédités à titre de membres associés, ce qui permet à l’auteur d’avoir accès à certains services dont ceux de son programme «L’auteur autonome», «un espace web de formations : documents, vidéos, questionnaires, forums, etc.» : « Comment négocier avec un éditeur ? Comment assurer la promotion de mon livre ? Comment diversifier des revenus ? L’autoédition numérique, une stratégie gagnante ? Quels sont les lois et règlements fiscaux qui me concernent ?».
Le gouvernement ne peut pas agir en toute liberté en raison de la LOI DU LIVRE. Par exemple, le programme LA CULTURE À L’ÉCOLE, permettant aux institutions scolaires de retenir les services d’auteur pour des projets et des ateliers littéraires, précise que « Le candidat doit avoir publié au moins 2 livres chez un éditeur agréé ». Il en va de même pour le Prix du livre politique de l’Assemblée nationale du Québec : «Sont admissibles les livres ayant été soumis à un processus d’édition critique qui procède d’une validation intersubjective du manuscrit. Par conséquent, sont exclus les ouvrages provenant de maisons d’éditions en ligne (ou éditeurs prédateurs), les ouvrages publiés à compte d’auteur ou subventionnés par un commanditaire.»
Le problème avec l’autoédition, c’est bel et bien la LOI DU LIVRE, un loi unique au monde. Dans ce contexte, soit l’auteur devient un entrepreneur pour éventuellement accéder à une carrière d’écrivain professionnel, soit il se présente comme un auteur amateur sans ambition pécuniaire et il s’inscrit dans les Pratiques culturelles en amateurs et un adepte des loisirs littéraires.
Serge-André Guay, auteur amateur, président éditeur
Fondation littéraire Fleur de Lys
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