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Les univers fermés
Serge-André Guay, président éditeur
Fondation littéraire Fleur de Lys
Auteur
J’aime penser, essai et témoignage de gouvernance personnelle
En ce Temps des Fêtes très spécial et à force de regarder la télévision , je me rends compte qu’elle nous présente un univers fermé ou, pis encore, refermé sur lui-même. Cette constatation est rendu possible parce que j’ai plus de 60 ans d’expérience à titre de téléspectateur. Il y a des choses que seul l’âge vous permet d’observer. Je parle d’un univers fermé parce que la télévision nous présente toujours les mêmes approches, les mêmes scénarios et les mêmes nouvelles. On devine la fin dès le commencement. On revient sans cesse sur les mêmes actualités d’une demi-heure à l’autre et le tout en continu toute la journée. S’ajoute ici et là une nouvelle actualité, un reportage en direct, une précision… Mais c’est toujours fondamentalement la même chose et les mêmes sources depuis que je regardais le bulletin de nouvelles de fin de soirée avec ma famille au cours de mon adolescence. La télévision nous enferme dans un univers fermé et revient sur elle-même et son contenu… à l’infini.

Le mot « infini » (-e, -s ; du latin in-, préfixe négatif, et finitus, « limité ») est un adjectif servant à qualifier quelque chose qui n’a pas de limite en nombre ou en taille. Wikipédia. Image par Gordon Johnson de Pixabay
Ci-dessus le symbole de l’infini. Constatez avec moi qu’il ne s’agit pas d’une ligne qui s’allonge dans une direction à l’infini mais plutôt d’une ligne qui revient sans cesse sur elle-même. Curieusement, le symbole sert à qualifier quelque chose qui n’a pas de limite en nombre et en taille mais on voit bien qu’il s’agit d’un univers fermé, un univers qui revient sur lui-même à l’infini.
Dans ce contexte, il n’y a plus qu’une mince stimulation intellectuelle. On s’ennuie. On désespère.
Avec l’âge, nous savons tous que l’histoire se répète. Et que la seule chose qui évolue, c’est la technologie. Autrement, son contenu algorithmique nous tourne en bourrique. On revient toujours aux mêmes références. On nous avait promis un accès à tout le savoir du monde mais ce n’est pas le cas. Il faut chercher pendant des heures et des heures, des jours et des jours, des semaines et des semaines, des mois et des mois, des années et des années pour trouver quelque chose de nouveau, de vraiment nouveau, passé ou présent. Et hop, le nouveau disparaît de la carte aussitôt référencé. On tourne en rond à l’infini même avec la meilleure technologie, les meilleures techniques de recherches, les meilleurs moteurs de recherches généralistes et spécialisés.
Et la spécialisation n’est autre chose qu’infini qui se creuse lui-même. Et à force de creuser la réalité on la perd de vue et on devient hermétique, une autre forme d’infini fermé sur lui-même. Une fois de plus, la stimulation intellectuelle diminue.
C’est décourageant, angoissant même. Le monde est monde et ça nous le savons depuis la nuit des temps. Qu’avez-vous de nouveau à nous apprendre ? Qu’avez-vous de nouveau pour nous stimuler intellectuellement ? Qu’avez-vous de nouveau pour nous sortir de votre infini fini ?
On nous veut passionnés mais ce n’est que pour nous servir la même soupe, pour nous cacher la réalité, pour nous plonger dans une spécialisation à outrance à défaut de nous procurer une véritable culture générale.
Je vous le dit, j’en ai assez de ce monde qui tourne en boucle sur lui-même pour ne former que des aliénés mentaux et sociaux.
La seule chose qu’il nous reste pour sortir de l’infini, ce sont les livres. Et même encore là, il y en a qui se répète à l’infini. Il faut trouver les bons livres, ceux qui nous stimulent intellectuellement, ceux qui alimentent nos pensées et notre imagination pour trouver du nouveau, de l’inédit. Et même encore là, les livres disparaissent trop vite de la circulation; à peine trois mois de vie en librairies. C’est la valse des nouveaux titres… à l’infini.
Comment vivre dans un monde pareil lorsque même en marge vous ne trouver plus de quoi enrichir votre vie intellectuelle.
Il faut de l’argent car les contenus nouveaux sont payants et les extraits offerts ne suffisent pas à délier les cordons de ma bouse. Le nouveau annoncé est-il vraiment nouveau ? La Savoir est à vendre. Ce n’est pas nouveau.
« Inventez » nous dit-on à l’infini. « Créez votre propre nouveau » semble-t-on nous dire… à l’infini. Ce n’est pas chose aisée dans un monde qui tourne en rond et souvent sans un rond. Va pour les technologies, pour reste rien ne va plus.
Est-ce donc dans notre ADN que l’infini nous limite ?
L’écriture ce petit texte m’a fait bien. Je vais continuer à livre des bons livres.
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