Qu’est-ce que le « Hacking social » ?
Le « Hacking social » désigne les réflexions et les activités visant à identifier, comprendre, et détourner des structures sociales nuisibles aux individus et aux groupes. Par structures sociales, nous entendons tous les contextes et cadres où les rapports humains sont régis selon des mœurs ou des normes, qu’elles soient accidentelles (par exemple : la vie en famille) ou rationnelles (par exemple : le management dans les entreprises). Pour le dire autrement, le hacking social consiste à modifier son environnement social via des expérimentations, des actions ou des attitudes réfléchies. Ces modifications visent essentiellement à saper des structures nuisibles à la liberté et à la dignité humaine, à les détourner pour le bien du plus grand nombre.
L’essence même du hacking dans le monde informatique et matériel (par matériel, nous entendons les objets matériels en général) consiste à démonter un système, à le comprendre, puis éventuellement à le détourner en lui apportant, par exemple, de nouvelles fonctions ou fonctionnalités. Si le hacking informatique et matériel[1] consiste à détourner un système ou un objet, le hacking social, de la même manière, consiste à détourner un système social (ou structure sociale).
Le hacking social est donc la transposition du hacking informatique dans les différentes sphères sociales. Le rapport entre le hacking matériel et le hacking social est analogique.
Le hacking social consiste notamment à observer et identifier les manipulations diverses et autres déterminations volontaires extérieures exercées sur soi ou sur un groupe à son insu afin de les contrer via des techniques assez simples et accessibles à tous. De fait, le hacking social sape tout empire illégitime exercé sur soi ou sur un groupe, et cette sape s’effectue en évitant tout conflit ayant tendance à envenimer la situation initiale.
Le hacker social cherche à restaurer le tissu social, non dans un intérêt personnel (bien que cela puisse contribuer à son intérêt individuel), mais dans le seul but de rétablir les possibilités d’un environnement social serein, sapant les rapports de dominations, luttant contre les discriminations, modérant les pervers narcissiques, défendant les plus fragiles dans les groupes, stimulant l’imagination, la créativité et invitant autrui à plus d’empathie.
Pour résumer :
- Le hacking social consiste à détourner les structures sociales, dans le but d’améliorer l’environnement du plus grand nombre, de lutter contre les discriminations et les rapports de dominations, de débrider l’individu des déterminations exercées à son insu.
- Le hacker de ce type d’activité doit être responsable et réfléchi. Il doit éviter le conflit.
- Pour éviter toute dérive, le hacker social doit tenir compte d’une déontologie propre à son activité.
- Les activités du hacker social sont les suivantes :
- Observer et comprendre les mécanismes de la structure sociale qu’il cherche à améliorer.
- Expérimenter, afin de concevoir des solutions adaptées.
- Partager ses savoirs et ses savoir-faire.
- Saper les structures nuisibles via les différentes techniques développées.
- Lutter contre les discriminations, les rapports de domination, et le brutalisme[2]
- Venir en aide aux plus fragiles (par fragiles, nous entendons les individus sous la domination d’un tiers ; ceux qui ne parviennent pas à se protéger eux-mêmes des diverses manipulations dont ils sont victimes et dont ils ne sont généralement pas conscience ; ceux qui sont victimes de violences symboliques et qui en sont littéralement écrasés).
[1] Nous voulons rappeler que le hacking historique (si toutefois on peut parler d’un « hacking historique ») s’est bien mis en place dans le monde de l’informatique et matériel, mais qu’il dépasse de loin ce cadre. En effet, on parle aussi de « hacking » comme état d’esprit, comme philosophie. Cet état d’esprit et cette philosophie, nous la retrouverons en partie dans le hacking social. Dès lors, quand nous parlons de hacking informatique ou matériel, nous ne souhaitons pas réduire le sens même du « hacking », nous voulons juste caractériser le hacking social d’un coté et le hacking historique de l’autre afin de simplifier notre propos.
[2] Nous nommons « brutalisme », non un style architectural (tel qu’on le trouve définit dans un dictionnaire) mais cette vision et cette attitude de plus en plus répandue qui consistent à valoriser celui qui crie le plus fort, qui sait encaisser le plus, qui frappe le plus fort, qui a la capacité d’écraser autrui, qu’importe ce qu’il défend. Le brutalisme, c’est un peu la loi du plus fort dans le monde de la communication. Le brutalisme s’affirme généralement dans le monde du travail, dans les sphères politiques, et même dans certains groupes militants. Le brutalisme repose généralement sur l’élitisme, sur une nouvelle forme aristocratique et faussement méritocratique qui encourage l’égocentrisme, l’antipathie, la concurrence, et le conflit.
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